Un officier supérieur
1. Evocation. - R. Me voici.
2. Voudriez-vous nous dire comment vous êtes venu si promptement à notre appel ? - R. J'étais prévenu de votre désir.
3. Par qui avez-vous été prévenu ? - R. Par un émissaire de Louis.
4. Aviez-vous connaissance de l'existence de notre société ? - R. Vous le savez.
Remarque. L'officier dont il s'agit avait en effet concouru à faire obtenir à la Société l'autorisation de se constituer.
5. A quel point de vue envisagiez-vous notre société lorsque vous avez
aidé à sa formation ? - R. Je n'étais pas encore entièrement fixé, mais
je penchais beaucoup à croire, et sans les événements qui sont
survenus, je fusse certainement allé m'instruire dans votre cercle.
6. Il y a beaucoup de très grandes notabilités qui partagent les idées
spirites, mais qui ne l'avouent pas hautement ; il serait à désirer que
des personnes influentes sur l'opinion arborassent ouvertement ce
drapeau. - R. Patience ; Dieu le veut, et cette fois le mot est vrai.
7. Dans quelle classe influente de la société pensez-vous que
l'exemple sera donné en premier ?- R. Partout un peu d'abord,
entièrement ensuite.
8. Veuillez nous dire, au point de vue de
l'étude, si, quoique mort à peu près au même moment que le zouave qui
vient de venir, vos idées sont plus lucides que les siennes ? - R.
Beaucoup ; ce qu'il vous a pu dire qui témoignait une certaine hauteur
de pensées lui était soufflé, car il est très bon, mais très ignorant et
un peu léger.
9. Vous intéressez-vous encore au succès de nos armes ? - R. Beaucoup plus que jamais, car j'en connais le but aujourd'hui.
10. Veuillez définir votre pensée ; le but a toujours été hautement
avoué, et dans votre position surtout, vous deviez le connaître ? - R.
Le but que se propose Dieu, le connaissez-vous ?
Remarque.
Personne ne méconnaîtra la gravité et la profondeur de cette réponse.
Ainsi, vivant, il connaissait le but des hommes : comme Esprit, il voit
ce qu'il y a de providentiel dans les événements.
11. Que
pensez-vous de la guerre en général ? - R. Mon opinion est que je vous
souhaite de progresser assez rapidement pour qu'elle devienne impossible
autant qu'inutile.
12. Croyez-vous qu'un jour viendra où elle
sera impossible et inutile ? - R. Je le pense, et n'en doute pas, et je
puis vous dire que le moment n'est pas si loin que vous pouvez le
croire, sans cependant vous donner l'espérance de le voir vous-mêmes.
13. Vous êtes-vous reconnu immédiatement au moment de votre mort ? -
R. Je me suis reconnu presque de suite, et cela grâce aux vagues notions
que j'avais du spiritisme.
14. Pouvez-vous nous dire quelque
chose de M*** mort également à la dernière bataille ?- R. Il est encore
dans les filets de la matière ; il a plus de peine à en sortir ; ses
pensées ne s'étaient pas dirigées de ce côté.
Remarque.
Ainsi la connaissance du spiritisme aide au dégagement de l'âme après
la mort ; elle abrège la durée du trouble qui accompagne la séparation ;
cela se conçoit ; on connaissait d'avance le monde où l'on se trouve.
15. Avez-vous assisté à l'entrée de nos troupes à Milan ? - R. Oui, et
avec bonheur ; j'ai été ravi de l'ovation qui a accueilli nos armes,
par patriotisme d'abord, et ensuite à cause de l'avenir qui les attend.
16. Pouvez-vous, comme Esprit, exercer une influence quelconque sur
les dispositions stratégiques ? - R. Croyez-vous que cela n'a pas été
fait dès le principe, et avez-vous peine à deviner par qui ?
17. Comment se fait-il que les Autrichiens aient si promptement abandonné une place forte comme Pavie ? - R. La peur.
18. Ils sont donc démoralisés ? - R. Complètement ; et puis si l'on
agit sur les nôtres dans un sens, vous devez penser qu'une influence
d'une autre nature agit sur eux.
Remarque.
Ici l'intervention des Esprits dans les événements n'est pas équivoque ;
ils préparent les voies pour l'accomplissement des vues de la
Providence. Les Anciens auraient dit que c'était l'ouvrage des Dieux ; nous disons que c'est celui des Esprits par l'ordre de Dieu.
19. Veuillez nous donner votre appréciation sur le général Giulay,
comme militaire, et tout sentiment de nationalité à part. - R. Pauvre,
pauvre général.
20. Reviendrez-vous avec plaisir si nous vous
en prions ? - R. Je suis à votre disposition, et je promets même de
revenir sans être appelé ; la sympathie que j'avais pour vous ne peut
que s'accroître, vous devez le penser. Adieu.