Le général Hoche
1. Evocation. - R. Je suis à vous.
2. Mme J... nous a dit que vous vous étiez spontanément communiqué à
elle ; dans quelle intention l'avez-vous fait, puisqu'elle ne vous
appelait pas ? - R. C'est elle qui m'amène ici ; je désirais être appelé
par vous, et je savais qu'en me rendant auprès d'elle, vous le sauriez,
et que vous m'évoqueriez probablement.
3. Vous lui avez dit
que vous suiviez les opérations militaires de l'Italie : cela nous
paraît naturel ; veuillez nous dire ce que vous en pensez - R. Elles ont
produit de grands résultats ; de mon temps on se battait plus
longtemps.
4. En assistant à cette guerre, y jouiez-vous un rôle actif ? - R. Non, simple spectateur.
5. D'autres généraux de votre temps y sont-ils venus comme vous ? - R. Oui ; vous devez bien le penser.
6. Pouvez-vous en désigner quelques-uns ? - C'est inutile.
7. On nous a dit que Napoléon I° y assistait, et nous n'avons pas de
peine à le croire. A l'époque des premières guerres d'Italie, il n'était
que général ; dans celle-ci voudriez-vous nous dire s'il voyait les
choses au point de vue du général ou de l'empereur ? - R. Des deux, et
d'un troisième encore : du diplomate.
8. De votre vivant, votre
rang comme militaire était à peu près égal au sien ; comme depuis votre
mort il a beaucoup monté, veuillez nous dire si, comme Esprit, vous le
regardez comme votre supérieur ? - R. Ici règne l'égalité ; que
demandez-vous là ?
Remarque. - Par
égalité il entend sans doute que les Esprits ne tiennent aucun compte
des distinctions terrestres, dont en effet ils se soucient fort peu, et
qui ne sont d'aucun poids parmi eux ; mais l'égalité morale est loin d'y
régner ; il y a entre eux une hiérarchie et une subordination fondées
sur les qualités acquises, et nul ne peut se soustraire à l'ascendant de
ceux qui sont plus élevés et plus purs.
9. En suivant les péripéties de la guerre, prévoyiez-vous la paix comme aussi prochaine ? - R. Oui.
10. Etait-ce chez vous une simple prévision, ou bien en aviez-vous une
connaissance préalable certaine ? - R. Non ; on me l'avait dit.
11. Etes-vous sensible à la mémoire que l'on a gardée de vous ? - R. Oui ; mais j'ai si peu fait.
12. Votre veuve vient de mourir ; vous a-t-elle rejoint immédiatement ?
- R. Je l'attendais. Aujourd'hui je vais la quitter : l'existence
m'appelle.
13. Est-ce sur la terre que vous devez prendre une nouvelle existence ? - R. Non.
14. Le monde où vous devez aller est-il connu de nous ? - R. Oui ; Mercure.
15. Ce monde est-il moralement supérieur ou inférieur à la terre ? -
R. Inférieur. Je l'élèverai, je contribuerai à lui faire prendre rang.
16. Connaissez-vous maintenant ce monde où vous allez entrer. - Oui,
très-bien ; mieux peut-être que je ne le connaîtrai quand je
l'habiterai.
Remarque. - Cette
réponse est parfaitement logique ; comme Esprit, il voit ce monde dans
son ensemble ; quand il y sera incarné, il ne le verra qu'au point de
vue restreint de sa personnalité, et de la position sociale qu'il y
occupera.
17. Sous le rapport physique, les habitants de ce
monde sont-ils aussi matériels que ceux de la terre ? - R. Oui, tout à
fait ; plus encore.
18. Est-ce vous qui avez choisi ce monde
pour votre nouvelle existence ? - Non, non ; j'eusse préféré une terre
calme et heureuse ; là, je trouverai des torrents de mal à combattre, et
les fureurs du crime à punir.
Remarque.
- Lorsque nos missionnaires chrétiens se rendent chez les peuples
barbares pour essayer de faire pénétrer chez eux les germes de la
civilisation, ne remplissent-ils pas une mission analogue ? Pourquoi
donc s'étonner qu'un Esprit élevé se rende dans un monde arriéré en vue
de le faire avancer ?
19. Cette existence vous est-elle imposée
par la contrainte ? - Non ; on m'a engagé ; on m'a fait comprendre que
la destinée, la Providence, si vous voulez, m'y appelait ; c'est comme
la mort avant de monter au ciel : il faut souffrir, et je n'ai pas assez
souffert, hélas !
20. Etes-vous heureux comme Esprit ? - R. Sans peines, oui.
21. Quelles ont été, je vous prie, vos occupations, comme Esprit,
depuis le moment où vous avez quitté la terre ? - R. J'ai visité le
monde, la terre entièrement ; cela m'a demandé l'espace de plusieurs
années ; j'ai appris les lois que Dieu emploie pour y conduire tous les
phénomènes qui en font la vie ; puis, j'ai procédé de même pour
plusieurs sphères.
22. Nous vous remercions d'avoir bien voulu venir à notre appel. - R. Adieu ; vous ne me reverrez pas.