Communication de Swedenborg promise dans la séance du 16 septembre.
Mes bons amis et fidèles croyants, j'ai désiré venir parmi vous pour
vous encourager dans la voie que vous suivez avec tant de courage,
relativement à la question Spirite. Votre zèle est apprécié de notre
monde des Esprits : poursuivez, mais ne vous dissimulez pas que des
obstacles vous entraveront encore quelque temps ; les détracteurs ne
vous manqueront pas plus qu'ils ne m'ont fait défaut. J'ai prêché le
Spiritisme, il y a un siècle, et j'ai eu des ennemis de tout genre ;
j'ai eu aussi de fervents adeptes : cela a soutenu mon courage. Ma
morale Spirite et ma doctrine ne sont pas sans avoir de grandes erreurs
que je reconnais aujourd'hui. Ainsi les peines ne sont pas éternelles ;
je le vois : Dieu est trop juste et trop bon pour punir éternellement la
créature qui n'a pas assez de force pour résister à ses passions. Ce
que je disais également du monde des Anges, où l'on prêche dans des
temples, n'était qu'une illusion de mes sens : j'ai cru le voir ;
j'étais de bonne foi, et je l'ai dit ; mais je me suis trompé. Vous
êtes, vous, dans un meilleur chemin, car vous êtes plus éclairés qu'on
ne l'était à mon époque. Continuez, mais soyez prudents pour que vos
ennemis n'aient pas des armes trop fortes contre vous. Vous voyez le
terrain que vous gagnez chaque jour ; courage donc ! car l'avenir vous
est assuré. Ce qui vous donne de la force, c'est que vous parlez au nom
de la raison. Avez-vous des questions à m'adresser ? je vous répondrai.
SWEDENBORG.
1.
C'est à Londres, en 1745, que vous avez eu votre première révélation ;
l'aviez-vous désirée ? Vous occupiez-vous déjà de questions théologiques
? - R. Je m'en occupais ; mais je n'avais nullement désiré cette
révélation : elle est venue spontanément.
2. Quel était cet
Esprit qui vous est apparu, et qui vous a dit être Dieu lui-même ?
Etait-ce réellement Dieu ? - R. Non ; j'ai cru à ce qu'il m'a dit, parce
que j'ai vu en lui un être surhumain, et j'en étais flatté.
3. Pourquoi a-t-il pris le nom de Dieu ? - R. Pour être mieux obéi.
4. Dieu peut-il se manifester directement aux hommes ? - R. Il le pourrait certainement, mais il ne le fait plus.
5. Il l'a donc fait dans un temps ? - Oui, dans les premiers âges de la terre.
6. Cet Esprit vous ayant fait écrire des choses que vous reconnaissez
aujourd'hui comme erronées, l'a-t-il fait dans une bonne ou dans une
mauvaise intention ? - R. Ce n'était pas dans une mauvaise intention ;
il s'est trompé lui-même, parce qu'il n'était pas assez éclairé ; je
vois aussi que les illusions de mon propre Esprit ou de mon intelligence
l'influençaient malgré lui. Cependant, au milieu de quelques erreurs de
système, il est facile de reconnaître de grandes vérités.
7.
Le principe de votre doctrine repose sur les correspondances.
Croyez-vous toujours à ces rapports que vous trouviez entre chaque chose
du monde matériel et chaque chose du monde moral ? - R. Non ; c'est une
fiction.
8. Qu'entendez-vous par ces mots : Dieu est l'homme même ? - R. Dieu n'est pas l'homme, mais c'est l'homme qui est une image de Dieu.
9. Veuillez, je vous prie, développer votre pensée. - R. Je dis que
l'homme est l'image de Dieu, en ce que l'intelligence, le génie qu'il
reçoit quelquefois du ciel est une émanation de la toute-puissance
divine : il représente Dieu sur la terre par le pouvoir qu'il exerce sur
toute la nature, et par les grandes vertus qu'il est en son pouvoir
d'acquérir.
10. Devons-nous considérer l'homme comme une partie
de Dieu ? - R. Non, l'homme n'est pas une partie de la Divinité : ce
n'est que son image.
11. Pourriez-vous nous dire de quelle
manière vous receviez des communications de la part des Esprits, et si
vous avez écrit ce qui vous a été révélé à la manière de nos médiums ou
par inspiration ? - R. Quand j'étais dans le silence et le
recueillement, mon Esprit était comme ravi, en extase, et je voyais
clairement une image devant moi qui me parlait et me dictait ce que je
devais écrire ; mon imagination s'y mêlait aussi quelquefois.
12. Que devons-nous penser du fait rapporté par le chevalier Beylon, au
sujet de la révélation que vous avez faite à la reine Louise-Ulrique ? -
R. Cette révélation est vraie. Beylon l'a dénaturée.
13.
Quelle est votre opinion sur la doctrine Spirite, telle qu'elle est
aujourd'hui ? - R. Je vous ai dit que vous êtes dans une voie plus sûre
que la mienne, attendu que vos lumières, en général, sont plus étendues ;
moi, j'avais à lutter contre plus d'ignorance, et surtout contre la
superstition.